Les 12 formulaires de Missive

Afin de travailler en Guyane cet été, comme mentionné dans un billet antérieur, j’avais quelques formalités très simples à remplir. Vendredi dernier vers 14h30-15h00, j’ai réussi à obtenir un rendez-vous au Consulat de France à Montréal pour aujourd’hui, lundi 7 juin 2010.

Ô victoire.

Désolée, c’est un long billet (beaucoup trop long), mais parfois ça vaut la peine. Juste avec l’image qui suit vous comprendrez que ce fut épique.

MISE EN SCÈNE

Ce matin donc, à 10h45, j’avais rendez-vous pour poser quelques questions et peut-être, selon les réponses, déposer une demande de visa 2D (emploi vacances universitaires).

Disons que j’avais peu de temps pour rassembler les papiers nécessaires pour la demande de visa.

Voici la liste des papiers :

Formulaire de visa de court séjour ; 2 photos ; Passeport ; Carte étudiante ; Billet d’avion ; Contrat de travail ; Une lettre attestant que je conserve mon admissibilité à l’assurance maladie du Québec ; Une assurance voyage ; Une enveloppe Xpress poste

Le tout en deux copies.

Ok. Okéé.

Ce matin, il me manquait :

-Un contrat de travail

-Une assurance voyage

-Lettre de la régie de l’assurance maladie

LA CHRONOLOGIE DES ÉVÉNEMENTS

6h15 René Homier-Roy, douche, café, bac à recyclage, pas de crash, pas de journal. Bon.

7h30 Appel à mon employeur en Guyane que je n’avais pas réussi à joindre en fin de semaine pour mon contrat de travail. Elle est là, elle fait ça pronto. Génial.

8h00 Je suis au CLSC du Plateau pour avoir ma lettre de l’assurance maladie. Information erronée. Mauvais endroit. Je dois appeler à la Régie de l’assurance maladie. Ça ouvre à 8h30.

8h15 De retour à la maison. Contrat de travail dans ma boîte de réception. Cool. Print. 2 copies.

8h30 Téléphone à la Régie de l’assurance maladie pour la lettre.

— Vous devez faire remplir le formulaire WK036…, dit la dame désagréable.

— Est-ce possible de faire ça par internet ? répond Missive.

— Non. Vous devez vous rendre sur place.

— Ok, est-ce que c’est bien long ? dit Missive découragée.

— Je ne peux pas vous le dire, je ne suis pas dans la salle d’attente, répond la dame désagréable.

— Merci pareil. La journée va être longue...

9h00 Appelle Voyage Orientation à Varennes (oui, c’est une pub, elles sont géniales chez Voyage Orientation à Varennes). Pour mon assurance voyage.

9h01 Contrat d’assurance dans boîte de réception. Quelle efficacité. Houra. Print. 2 copies.

9h07 Départ sur les chapeaux de roues pour la Régie de l’assurance maladie. 425 Maisonneuve ouest.

10h00 Lettre de la Régie en main. YAHOU ! Collecte de documents complétée. Québec=Efficacité.

10h05 Direction Consulat de France.

10h10 Arrivée au 1 Place Ville-Marie. C’est pas là. Barnak. C’est au 1501 McGill College. Même Google Maps est pas capable de trouver le (ajouter qualificatif ici) de Consulat de France. Une chance que j'avais quelque part la bonne adresse.

10h12 2 providentiels courriers à vélo, sur le bord de la rue.

— C’est où le 1501 McGill College ? demande Missive.

— Fait le tour du bloc, c’est tout près man, répond un des dude avec un charmant accent anglais.

Rien de mieux qu’un courrier à vélo pour indiquer une adresse dans le centre-ville, merci les boys.

10h20 Arrivée au Consulat de France à Montréal. La victoire est proche. Sécurité d’aéroport.

10h25 Ah ! Une affiche demande de mettre les dossiers de visa dans un certain ordre. Un dossier pour les originaux, un autre pour les photocopies. Au travail.

10h29 (Ajouter une longue liste de jurons ici), Missive n’a qu’une seule copie de la lettre de la Régie de l’assurance maladie.

— Missive demande à l’agent de sécurité (le gentil, parce qu’il y avait un gentil et un méchant comme dans les films de police) si c’est possible de faire une photocopie ?

— Non.

— Missive soupire. (Pourquoi ça ne me surprend pas ?)

— Tu peux sortir et aller en faire au Complexe des Ailes de la Mode, dit le gentil.

— Ok. Go.

10h30 Descente en quatrième vitesse. La saloperie de photocopieuse collabore difficilement, mais avec des années de pratique à l’université (i.e. ctrl + alt + coup de pied), c’est une réussite.

10h40 De retour au Consulat (en sueur).

10h45 C’est mon tour. Je m’assoie devant la dame et expose mon cas. C’est ici que ça devient intéressant.

EXPOSÉ DE LA SITUATION

Je m’en vais travailler en Guyane pour un contrat de 40 jours. Archéologie. Étudiante. Blablabla.

À voir le visage de la dame se décomposer lentement, je comprends rapidement que ce n'est pas gagné.

Situation exceptionnelle = Muy problem capitain

À PARTIR D'ICI: C'EST DU GRAND N'IMPORTE QUOI

— Est-ce que cette situation s’applique à mon cas ?

«Les ressortissants canadiens peuvent travailler en France moins de 90 jours sans visa sous réserve de l’obtention d’une autorisation provisoire de travail et dans le cadre seulement des emplois définis par l’inspection du Travail» (issu du site du Consulat)

— Oui, si la Direction Départementale du Travail et de l’Emploi (DDTE) accepte de vous donner l’autorisation provisoire de travail et si votre emploi est défini par l’inspection du Travail, dit la dame

— Ok, c’est quoi la liste des emplois définis par l’inspection du Travail ? demande Missive.

— Vous ne vous êtes pas informée ? répond la dame.

— Oui, mais je n’ai jamais trouvé. (i.e cherché pendant un après-midi sur le net)

— Euh… je ne connais pas la liste, avoue platement la dame.

Longue liste de jurons silencieux. Comment ça tu sais pas ça ! Me semble que c’est TA job à TOI ! Juron silencieux final.

— En fait, j’avais prévu le coup, j’ai aussi tous les papiers pour faire la demande de visa 2D, dit Missive avec fierté. Je suis préparée à toute éventualité (sous-titre : vous ne m’aurez pas aussi facilement que ça).

— Il faut faire la demande par la poste, me dit la dame.

— Oui je sais, mais comme je venais ce matin, j’ai tout amené au cas où… dit poliment Missive.

— De toute manière le visa 2D n’existe plus, dit candidement la dame.

— QUOI ???!!!??? HAHAHA !!! (rire jaune), s’exclame Missive interloquée.

Apparemment, ce visa n’existe plus depuis le 4 avril 2010 (date approximative), mais vous pouvez toujours télécharger le formulaire ici si ça vous intéresse. Étonnement, ce «détail» n'est mentionné à aucun endroit sur le site du Consulat. Il me semble pourtant que c'est une information essentielle ET pertinente.

LOOOONGUE liste de jurons silencieux.

— Ok, dit Missive poliment, mais un peu à bout (on le serait à moins). Quelles sont mes options ?

— Alors vous pouvez toujours vous rendre en Guyane et vous présenter à la DDTE pour demander l’autorisation de travail. Par contre, ça ne veut pas dire qu’ils sont au courrant du fait que les Canadiens peuvent travailler en France pour moins de 90 jours, répond la dame toujours aussi candidement.

— Ça signifie que…

— Ils peuvent vous refuser l’autorisation de travail.

— Ok, mettons que ce n’est pas une option, dit Missive. Un autre choix ?

— Exceptionnellement, nous pouvons transformer votre visa 2D en visa 2E.

— D’accord, dit Missive.

— Cependant, cela signifie que vous perdez votre visa 2E dont il est possible de faire la demande une seule fois et qui autorise les moins de 35 ans à travailler en France pendant un an, me dit la dame.

— (Jurons silencieux) Ok on va faire comme ça ! Pas trop trop le choix.

Début des formalités. J’ai tous les papiers qu’il faut. Yahou ! Deux points pour Missive.

— Est-ce que ce visa est bon pour la Guyane ? demande une autre bonne femme casseuse de party. Je n'en suis pas certaine.

— C’est bon (en criss), dit Missive. Guyane = France, il me semble… Hein !

— Je pense que c’est bon, répond sans conviction la dame avec qui je fais affaire.

— S’il vous plaît et merci d’avance (insérer divinité et prière de circonstance ici), chuchote Missive.

Poursuite des procédures. Photo. Empreintes digitales. Mains trop sèches, ça marche pas. Crème de secours gracieusement offerte par le Consulat.

Après une demi-heure de stress, de revirement de situation et de perte inutile d’un futur visa vraiment intéressant, mon dossier est en observation. Yessss ! Je ne crie pas victoire car tout le monde sait qu'«il ne faut pas vendre la peau de l'ours surtout s'il n'est pas d'accord avec le prix».

J’aurai des nouvelles, vraisemblablement (on sait jamais), la semaine prochaine.

Don’t miss our next episode of Les 12 formulaires de Missive.

Ah oui, j’oubliais…

Deuxième copie du dossier = inutile. Ah bon…? J'ai violenté une photocopieuse pour rien. En plus euh… Kyoto, jamais entendu parlé de ça? Greenpeace?

Deuxième photo = inutile. La charmante dame m’a broché la face (avec 2 broches, crunch et recrunch) dans le dossier. Je m'interroge sur l'utilité de la photo, surtout qu'elle m'a rephotographiée avec l'appareil du Consulat. Anyway.

J'ai accroché, pas un, mais deux piétons sur la piste cyclable Berri. 3 en un mois, bon score. Pas de crash. J'accumule des points.

Merci à Juliette Fox-Trot pour le cliché des directions. Pris à Ushuaia, Argentine.